La joie des imagiers

17441646Ca y est, on nage dedans.
Les imageries sont ton pain quotidien. Ton doigt pointe avec entrain tout ce qui ressemble à des animaux, d’abord, puis certains objets qui commence à être familiers, de préférence bruyant et mouvants (aspirateur, voitures, tracteurs…). Et tu signifies, par tous tes moyens, les appellations de ces choses :

Mmmmm pour la vache, Mam! pour tout ce qui roule à moteur ou pas, bvouu pour l’éléphant, bvvv pour l’aspirateur, mao pour le chat, whou whou pour le chien, signe muet pour les oiseaux, « pain » pour le pain, quand même, il y a des choses primordiales, dadada ou ta ta ta pour les poules et les canards, miam miam pour etc…. ah ! et pour le cheval, tu ne sais pas faire le bruit, alors tu mimes un galop. Craquant ! :-)
Même les fleurs sont arrivées dans ton vocabulaire : « sneufffff », dis-tu, babines remontées contre le nez.
Voilà. A force de vouloir te faire sentir la moindre corolle…
Et les mots en [-on] ! Tes premiers mots ! « Ba-Hon » = ballon, « Pa-P’Hon » = papillon ! « Ba-hon » servant aussi pour bâton ou bateau, selon le contexte :-)

Les imagiers, donc. Mon rêve primitif de maman : être assise avec sur les genoux un bambin qui questionne et se passionne. Et moi, la maman, qui raconte, bruite et décrit.

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De là s’est d’ailleurs installée une certaine forme de déformation parentale :
Ce midi, j’étais avec mes parents à moa, tranquillement en balade à Auxerre après un bon petit repas au restaurant asiatique. Mes parents étaient de passage, ils se rendaient au mariage de mon cousin, à Paris. Je suis ravie de pouvoir prendre ma pause déjeuner avec eux ! D’autant que le soleil, rare à présent, est de la partie. Hé bien en passant le pont passerelle au dessus de l’Yonne, nous apercevons de jolis canards Kouinn kouinkoin ! Vous voyez, ça le refait. Je vois un canard, et aussitôt ma bouche devient bec et mon gosier articule avec un sens de l’imitation digne de la musicienne que je suis, une magnifique série de « coin coin ».

Heureusement, le regard des passants ne me gêne pas, moi. Le ridicule ne tue pas et comme ce qui ne tue pas rend plus fort, s’pas, je suis à toute épreuve.

Des bisous à la demande …

Ah, les bisous. Tu as appris ça très tôt. Mais maintenant, c’est vraiment à la demande (bon, si tu es d’humeur, tout de même).

bisouTu me fais un bisou Johanne ? mouah mouah, et hop ! tournée générale, toutes les personnes présentes recoivent le… que dis-je ? LES leurs. Généreuse et pas baveuse, un vrai bonheur.
En effet, j’ai souvenir que ton Tonton Clem, lorsqu’il était petiot, bavait tout ce qu’il pouvait. Et moi qui était plus grande, je priais souvent pour n’avoir pas à échanger de bisous avec.
 » – Fais un bisou à ton frère, allez !
- NOOOooooooooon !
>- sbach! -< « 

Grosses colères

S’agit-il de ces fameux « caprices » dont la simple évocation me hérisse le poil ?
En tout cas, les dernières frustrations que tu as pu découvrir (ex : limitation de ton champs d’investigation pédestre) ont provoqué des colères saisissantes, voire irritantes. Pour la première fois, je t’ai regardé d’un œil non plus indulgent et compréhensif, mais agacé. Comment, ma petite Johanne si parfaite ne serait donc qu’un bambin comme les autres ? Dur à avaler. :-)))
Difficile de fournir toute l’énergie nécessaire pour te suivre dans ta soif juvénile de découverte. Et puis il te faut apprendre que l’on ne peut tout avoir tout de suite. Mais tout est question de dosage, et à Collioure, le rapport tentations/interdits/diversions n’était pas tout le temps idéal. Donc colères.
20070907Et ma moman à moi, ta mémé, ça lui a rappelé des trucs pas simples ! Plus fortement encore que moi, elle a senti cette forme d’impuissance à maîtriser la bête ingénue mais tumultueuse… Ce qui nous a donné l’occasion d’une discussion qui m’a fait le plus grand bien. A elle aussi je pense.
groumphAssises au café du centre ville, tandis que ton papa te gardait et que le mien nous veillait, nous avons déballé un peu notre fardeau de mère. Imagines tu ce que l’on ressent lorsque ce que l’on chérit nous repousse et hurle quand on essaie de le réconforter ? Heureusement que je suis adulte, tiens :-)
Mais je sais que ce ne sont que des passages. Des pas sages ?
Je t’aime petite chipie ! Et la plupart du temps, tu restes adorable.

Semaine à Collioure

Comme le veut maintenant la tradition, la première semaine de septembre est consacrée à un repos inégalable dans le paisible port-plage de Collioure.
La mer qui fait dormir Johanne.
Les galets que grand-père ramène par paquets.
Le sable qui gratte les pieds dans la maison, déclenchant une crise ménagère maternelle (maladie très rare chez celle ci).
Comment résister au charme de Théo, le labrador le plus père-tranquille qui soit ? Chaque matin, il supporte les assauts Johannesque sans broncher, les yeux dégoulinants de gentillesse canine.
Et les pigeons ! Quel plaisir de tenter de les approcher, ces oiseaux que tu montres en signant « oiseau » de la main.
Et l’aire de jeu ! Ta première balançoire !
Et les mamies ébaudies qui manquent de t’enlever sous les yeux alarmés de ta mère, gloussant des « oh qu’elle est mignonne » écœurants de sincérité agée…
Il faut dire qu’avec ta petite robe et ton chapeau, tu es à croquer !
Attention, tu vas finir par le savoir … et ce sera moins charmant :-)