Ca y est, on nage dedans.
Les imageries sont ton pain quotidien. Ton doigt pointe avec entrain tout ce qui ressemble à des animaux, d’abord, puis certains objets qui commence à être familiers, de préférence bruyant et mouvants (aspirateur, voitures, tracteurs…). Et tu signifies, par tous tes moyens, les appellations de ces choses :
Mmmmm pour la vache, Mam! pour tout ce qui roule à moteur ou pas, bvouu pour l’éléphant, bvvv pour l’aspirateur, mao pour le chat, whou whou pour le chien, signe muet pour les oiseaux, « pain » pour le pain, quand même, il y a des choses primordiales, dadada ou ta ta ta pour les poules et les canards, miam miam pour etc…. ah ! et pour le cheval, tu ne sais pas faire le bruit, alors tu mimes un galop. Craquant ! :-)
Même les fleurs sont arrivées dans ton vocabulaire : « sneufffff », dis-tu, babines remontées contre le nez.
Voilà. A force de vouloir te faire sentir la moindre corolle…
Et les mots en [-on] ! Tes premiers mots ! « Ba-Hon » = ballon, « Pa-P’Hon » = papillon ! « Ba-hon » servant aussi pour bâton ou bateau, selon le contexte :-)
Les imagiers, donc. Mon rêve primitif de maman : être assise avec sur les genoux un bambin qui questionne et se passionne. Et moi, la maman, qui raconte, bruite et décrit.
De là s’est d’ailleurs installée une certaine forme de déformation parentale :
Ce midi, j’étais avec mes parents à moa, tranquillement en balade à Auxerre après un bon petit repas au restaurant asiatique. Mes parents étaient de passage, ils se rendaient au mariage de mon cousin, à Paris. Je suis ravie de pouvoir prendre ma pause déjeuner avec eux ! D’autant que le soleil, rare à présent, est de la partie. Hé bien en passant le pont passerelle au dessus de l’Yonne, nous apercevons de jolis canards Kouinn kouinkoin ! Vous voyez, ça le refait. Je vois un canard, et aussitôt ma bouche devient bec et mon gosier articule avec un sens de l’imitation digne de la musicienne que je suis, une magnifique série de « coin coin ».
Heureusement, le regard des passants ne me gêne pas, moi. Le ridicule ne tue pas et comme ce qui ne tue pas rend plus fort, s’pas, je suis à toute épreuve.